Républicain Lorrain du 25 Novembre 2012
150 clients au tribunal plutôt qu’en Tunisie
Le Club vacances modernes de Villerupt (sept salariés) a fait une demande de placement en redressement judiciaire. Deuxième problème : environ 150 clients avaient payé un voyage qu’ils n’ont jamais effectué.
Elle est inquiète, Sylvie *. Sa tante a payé 815 € pour un voyage qu’elle devait effectuer du 1 er au 25 novembre en Tunisie. Elle n’a pas pu partir, comme les presque 150 personnes dans son cas. Et toutes oscillent entre colère, résignation ou peur de devoir tirer un trait sur un éventuel remboursement. « On est passé par le Club vacances modernes de Villerupt. Et on a reçu une lettre nous disant que l’agence, une association, avait effectué une demande de placement en redressement judiciaire le 5 novembre à cause de gros problèmes financiers , explique Sylvie. La CLCV (Consommation logement cadre de vie) nous a conseillé de déposer plainte, mais il faudrait pour cela qu’on monte un collectif. On ne sait pas si on va revoir notre argent. Ils n’auraient jamais dû l’accepter s’ils connaissaient leurs difficultés. »
Car les soucis du Club vacances modernes villeruptien ne datent pas d’hier. « Cela fait plusieurs années que ça ne va plus trop, et ce pour, à mon avis, deux raisons : la première est la gestion de l’ancien directeur, qui s’est enfui le 29 février par rupture conventionnelle de contrat, et avec une grosse prime. Et la deuxième tient aux destinations proposées. On travaillait plus avec la Tunisie, et la révolution a eu des conséquences sur les demandes de clients intéressés », explique Fred Belardi, l’un des sept salariés restants et présent dans la structure depuis trente et un ans. « On a continué à fonctionner depuis février pour tenter de redresser la barre, mais c’était compliqué. Notre chiffre d’affaires n’était pas mauvais, mais nos pertes trop importantes. Je ne vous en dirai pas plus pour l’instant. »
Une garantie financière
Les personnes impliquées dans le dossier ont en effet du mal à parler. Le jugement du tribunal de Briey sera rendu le jeudi 29 novembre. Et d’ici là, comme l’a confirmé Robert Bardelli, le président du conseil d’administration de Club vacances modernes, « on ne peut pas s’exprimer. »
Reste l’inquiétude des clients de cette agence crée en 1965 par un ancien sidérurgiste du coin et dont l’objectif était de proposer des cars en direction de l’Italie. Ces cars ont été beaucoup utilisés par les immigrés et descendants d’immigrés. « Et puis progressivement, on a proposé des destinations vers la Roumanie, dès 1976, puis la Tunisie en 1983 », poursuit Fred Belardi. « On avait environ 4 500 clients à l’année. »
Et donc un peu moins ces derniers temps, ce qui a amené à la situation actuelle. « Il y a deux possibilités avec ce jugement : soit il y a redressement judiciaire et donc le tribunal estime qu’on peut tout de même poursuivre notre activité malgré nos dettes, sous surveillance. Soit on est en liquidation : et là, on est tous licenciés. Ce que je sais, c’est que toute association ou agence comme la nôtre doit déposer une garantie financière. Nous, on en a une de 97 000 € sur un compte bancaire, qui peut servir soit à rembourser les gens, soit à payer le tribunal, soit à payer le mandataire. »
Les réponses seront données jeudi.
SUITE………………………..
Républicain Lorrain du Vendredi 30/11/2012
Villerupt : voyagiste à terre
Le couperet est tombé hier matin, au tribunal de grande instance de Briey. La juridiction a prononcé la liquidation judiciaire de Club vacances modernes. Créée en 1965, cette association villeruptienne proposait les prestations d’une agence de voyages. Si les huit salariés sont théoriquement licenciés, il reste le problème d’un voyage en Tunisie annulé mais pour lequel 150 particuliers ont avancé l’argent.
JUSTICE | tribunal de grande instance de BRIEY
Le Club vacances modernes rayé de la carte .Cette association basée à Villerupt n’emmènera plus personne en vacances aux quatre coins du globe : le tribunal de grande instance de Briey a prononcé hier la liquidation judiciaire de la structure. Huit salariés sont sur le carreau.
Je n’ai rien à dire. » L’abattement se lit sur le visage de Robert Bardelli, le président duconseil d’administration. Sortant de la salle d’audience accompagné du directeur adjoint de l’association, tout aussi muet, il n’a pas encore annoncé la sombre nouvelle aux salariées de l’association qui attendaient la sentence dans la salle des pas perdus : Club vacances modernes est liquidé ! Tout bonnement rayé de la carte. La structure n’a même pas eu droit à un sursis avec un redressement judiciaire.
Les deux hommes transmettent furtivement le coup de massue aux six salariées présentes (outre le directeur adjoint, l’association compte, ou plutôt, comptait sept salariés) et les emmènent dans un café proche, histoire de discuter « tranquillement ». Ce couple de septuagénaires, présent pour savoir s’il peut récupérer son acompte suite à l’annulation d’un voyage (lire RL du 25/11), n’en saura pas plus. « On était aussi venus pour voir s’il y avait du monde, s’il y avait d’autres gens voulant obtenir leur argent », confie l’homme. « En tout cas, cette liquidation, c’est bien dommage : ça faisait cinq ans qu’on partait avec eux et on n’était pas obligés d’aller jusqu’à Paris pour prendre l’avion. On décollait du Luxembourg et surtout, ils venaient nous chercher chez nous à Homécourt », ajoute son épouse.
Une association créée en 1965
Ce crash de Club vacances modernes, les salariées présentes hier au TGI de Briey le redoutaient. À vrai dire, la liquidation judiciaire leur semblait inéluctable, tant le ciel s’était obscurci ces dernières années. La faute à une « gestion pas rigoureuse » de leur ancien directeur, clament-elles en choeur, quelques minutes avant la décision tranchante du tribunal.
Un chiffre d’affaires de 4,7 M€
« Il (l’ancien directeur) a fait n’importe quoi », vitupère une première. « Il ne connaissait pas le mot rentabilité. Dès que l’on avait trois sous de côté, il fallait qu’il les dépense », renchérit une deuxième. « En quelques mois, il a coulé une boîte qui faisait 4,7 millions d’euros de chiffre d’affaires », assène une troisième.
Toutes témoignent sous couvert de l’anonymat alors que dans cette affaire, elles sont avant tout victimes. « Demain, on sera à la rue », n’hésite pas à lâcher une autre. « Et voilà une boîte de plus qui ferme à Villerupt », maugrée l’une de ses collègues. Celle-ci rouvre l’album souvenirs et s’arrête dès la première page, quand Club vacances modernes était sorti de terre, en 1965. « L’association avait été créée dans le but de donner à des gens qui n’en avaient pas forcément les moyens la possibilité de partir en vacances. Aujourd’hui, son fondateur doit se retourner dans sa tombe ! »
Hier, le groupe de salariés a quitté le tribunal, la mort dans l’âme…
Les réponses d’un accusé
Il est la cible de toutes les critiques. L’ancien directeur de Club vacances modernes, parti fin février de la structure, sort de l’ombre (même s’il veut rester dans l’anonymat) et répond aux accusations. « Dans l’article du 25 novembre, on affirme que je me suis « enfui », laissant entendre que j’ai filé avec la caisse. Quelle ineptie ! Et le terme « enfui » est tout à fait inexact.
Je suis parti après avoir signé une rupture conventionnelle du contrat de travail en accord avec le conseil d’administration de l’association. Elle donne l’occasion à l’employé et à l’employeur de mettre fin au contrat de travail tout en permettant à l’employé de toucher des indemnités chômage. Et je tiens à signaler que je suis parti six mois avant la date butoir pour alléger le coût de fonctionnement de l’association car mon statut de cadre supérieur, avec le salaire et les charges, représentait une grosse dépense. »
Au passage, cet ancien adjoint à la Ville de Villerupt souligne qu’il n’était pas le seul cadre sup’: « L’actuel directeur adjoint l’est aussi et il gérait avec moi l’association. S’il y a eu une « gestion pas rigoureuse », nous sommes co-responsables. Mais ce n’est pas le cas. J’ai tout fait pour réduire les charges et les preuves se trouvent au cabinet d’expertise-comptable de l’association. Là où il y a eu défaillance, c’est du côté des marges et du chiffre d’affaires et ce domaine était à la charge du directeur adjoint. » Une chose est sûre : les deux ex-partenaires…ne partiront pas en vacances ensemble.
L’ADV-CLCV contre-attaque
Les huit salariés de Club vacances modernes, désormais licenciés, ne sont pas les seules victimes de la banqueroute de leur association qui était spécialisée dans l’organisation et la vente de voyages. Comme relaté dans notre édition du 25 novembre, 150 personnes environ n’ont pas revu la couleur de leur argent après avoir payé un séjour en Tunisie qu’ils ne feront jamais. Et l’audience d’hier n’a pas pu dissiper leurs doutes sur un éventuel dédommagement.
Réunion aujourd’hui
L’ADV-CLCV (Association de défense des voyageurs, branche de la CLCV) du bassin de Longwy n’a en tout cas pas attendu pour réagir. Dans un communiqué, elle annonce qu’une réunion se tiendra aujourd’hui, vendredi 30 novembre, à 15h30 au centre social de Longwy-Haut. Et ce, « en vue de rassembler l’ensemble des plaignants et constituer un dossier litiges ». L’ADV-CLCV propose à chaque particulier de venir avec son dossier « en ayant préalablement réalisé deux copies : une à remettre à notre association lors de la réunion de ce jour, la seconde à adresser au tribunal de commerce de Briey en recommandé avec accusé de réception, rappelant le préjudice subi suivi de la demande de remboursement ».
L’association précise aussi qu’elle donnera des conseils et préparera, si nécessaire, une lettre type « qu’il suffira de recopier pour les envoyer ensuite au tribunal ». La structure ajoute enfin avoir déjà reçu « des dossiers de plusieurs personnes »
L’agence de voyages définitivement à terre
Le ciel s’est définitivement assombri pour les huit salariés du Club vacances modernes. Hier matin, le tribunal de grande instance de Briey a prononcé la liquidation judiciaire de cette association loi 1901, basée à Villerupt, qui proposait les prestations d’une agence de voyages classique. A la sortie de l’audience, le président du conseil d’administration et le directeur adjoint de la structure étaient abasourdis et avaient la tâche difficile d’annoncer la sale nouvelle à six employées présentes, qui attendaient dans la salle des pas perdus.
En difficulté financière depuis plusieurs années déjà, la structure a annulé récemment un séjour en Tunisie alors que 150 particuliers environ avaient avancé l’argent ou versé un acompte (lire RL du 25/11). Pour ces derniers, alors qu’un seul couple était présent au tribunal, l’audience d’hier n’a pas permis de dissiper le brouillard sur d’éventuels remboursements. « Le mandataire judiciaire désigné fera le point sur la situation comptable de l’association et verra ce qu’il est possible de récupérer », informe une source proche du dossier.
L’ADV/CLCV (Association de défense des voyageurs, branche de la CLCV) du bassin de Longwy n’a pas attendu les conclusions du mandataire pour agir. Elle organise, aujourd’hui à 15h30, au centre social de Longwy-Haut, une réunion afin de « rassembler l’ensemble des plaignants et constituer un dossier litiges ».
* Le prénom a été modifié.